Qui a dit que la perfection n’était pas de ce monde? Je l’ai rencontrée cet après-midi en allant prendre l’air, la preuve en image : Fibonacci style !

J’ai eu la chance de profiter de 4 jours off et, malgré cela, j’ai l’impression que le temps est passé trop vite, que cette peau de chagrin que fut mon week-end pluvieux fut une parenthèse ouverte aussitôt refermée.

Alors que j’ai fait ce que je DEVAIS faire (courses, rangement, paperasse administrative, …), les choses que j’AIME faire ont trouvé trop peu de place. Et me voilà ainsi à t’écrire ma déception en ce dimanche soir. Mon humeur est sombre et en même temps, j’ai plaisir à constater que j’écris sur mon blog, activité qui rentre dans la catégorie des « J’AIME » et pour laquelle je n’ai plus ni le temps matériel, ni le temps de cerveau disponible depuis longtemps maintenant.

Que s’est-il passé? Je me pose la question à moi-même. Pourquoi est-ce que consacrer du temps à faire ce que j’aime m’est devenu si inaccessible?

J’ai repensé à un documentaire remarquable « Le temps, c’est de l’argent », réalisé par Cosima Dannoritzer et produit par ARTE. On y explique comment le temps, devenu marchandise, nous échappe de plus en plus. On y parle aussi des responsables : « les voleurs de temps ». L’un des responsables du pillage est un avorton de la numérisation de nos démarches du quotidien. Nous donnons une part croissante de notre temps (et de nos ressources) gratuitement à des entreprises ou des administrations pour effectuer un travail qui incombait précédemment à leurs employés.

Nous enregistrons nous-mêmes nos rendez-vous chez le médecin, nous virons nous mêmes de l’argent d’un compte bancaire à l’autre, nous imprimons nous-mêmes nos rapports de radiologie, nos relevés bancaires, nos attestations Pôle Emploi, nos timbres. Nous remplissons nous-mêmes des centaines de formulaires pour des démarches administratives, nous démêlons nous-mêmes des anomalies de fonctionnement en parcourant des FAQ, nous nous formons nous-mêmes à des outils de communication en perpétuel changement.

Cette autonomie croissante des consommateurs et usagers enrichirait la nature du travail des employés des entreprises ou organismes impliqués. Les salariés pourraient se consacrer à des tâches plus valorisantes et les échanges avec les consommateurs et usagers seraient plus « efficaces ».

« Efficacité », le mot est lancé!

Oui, toute cela peut s’avérer « efficace »… A condition que le système de réservation propose des créneaux d’horaires qui soient réellement disponibles et que le praticien rendu autonome ne se retrouve pas, avec son patient devenu autonome, contraint de perdre son temps à faire suivre ses appels manqués par des sms pour tenter de résoudre un malentendu ET trouver un horaire de rendez-vous possible ET recevoir sa patientèle en même temps ; que l’imprimante ne soit pas à court de cartouches le dimanche soir (c’est TOUJOURS le dimanche soir que l’imprimante est à sec, c’est bien connu) ; que le site de ma banque en ligne ne soit pas en maintenance au moment où j’ai du temps pour faire du pointage de factures ; que la Foire Aux Questions ne date pas de 2015 ; que les dernières mises à jour de mes applis sur le tout nouvel OS ne m’obligent à me renseigner sur les réseaux pour reprendre en main certaines fonctionnalités qui me sont utiles et qui ne sont plus à portée de clic.

Que ce soit à ma pause déjeuner, les soirs de semaine ou les week-ends, je prends conscience que, sous une forme déguisée, je travaille. Parmi les quelques moments de plaisir que j’ai réussi à caser dans ce week-end, une balade au Parc Pastré à Marseille. Sans doute un peu « high » du fait des odeurs de la forêt après la pluie, je poste une story arborée depuis la pinède, avec sa B.O. de piaillements d’oiseau qui va bien avec (la nature fait vachement bien les choses), je communie avec les gastéropodes du coin en m’extasiant devant leurs coquilles parfaitement proportionnées. Ding! Une amie m’envoie un commentaire sur la story. Son email, j’ai oublié d’y répondre! Oui je l’ai bien reçu et comme sa teneur relève de mes activités PLAISIR, je voulais prendre le temps d’y répondre. Je n’ai pas trouvé ce temps-là. Je réponds dans l’instant à son message.

En rentrant de ma balade, mon amie et son message me trottent dans la tête. Et ayssi l’usage que je fais de mon temps. Et cette manière que j’ai de faire passer en priorité ce que je DOIS faire sur ce que j’ai PLAISIR à faire. J’ai eu envie d’écrire ce post en rentrant. Ce n’est sans doute pas ce que je DEVAIS faire, mais j’ai eu grand PLAISIR à le faire.

Faudra que je fasse ça plus souvent.