Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Laurence Gay

I.D.

Je m’appelle Laurence Gay. Ce n’est pas simple de se présenter. Pour moi en tout cas. Alors je choisis de commencer par le point de départ de notre rencontre : la lecture de ces mots. J’ai commencé à écrire un blog en 2010. Mon envie était de créer un espace virtuel qui se greffe à la salle de cours de yoga. Je souhaitais créer un endroit où je puisse parler de mon expérience d’enseignante et de pratiquante de yoga. J’ai commencé à donner des cours de yoga à temps plein à la petite trentaine en 2004. Cela faisait trois années que j’avais perdu mon père et j’avais en moi la farouche envie de donner à d’autres ce que le yoga m’avait apporté depuis sa disparition : la force de ne pas me disloquer. Si tu sors une frise chronologique des événements marquants dans nos sociétés contemporaines, tu en déduis aisément que je fais partie de la génération de profs de yoga post-11-septembre et pré-Instagram.

Yoga

Je me rends compte depuis plusieurs années que je suis à l’étroit sous cette casquette de « prof de yoga » et mal à l’aise avec les querelles de clochers. Deux choses sont devenues obsessionnelles dans le yoga : la question de sa définition et le bien-être. Je vais être honnête, ni l’un ni l’autre ne me préoccupent.

Mon parcours

Avant ma reconversion en prof de yoga j’ai travaillé cinq ans à l’étranger, j’habitais Dublin et travaillais dans le secteur des services B2B en télécom pour des start-ups et des multinationales américaines. L’histoire des petits poissons qui se font manger par les plus gros. Que ce soit pour l’inventeur du modem ou pour les développeurs de logiciels, j’ai voyagé en Europe du Nord, aux Etats-Unis ou à Singapour et travaillé au contact de collaborateurs du monde entier. A mon retour à Paris, j’ai tout mis de côté pour pouvoir enseigner du yoga. Pour ce faire, je me suis réinventée assistante d’équipe dans des instituts marketing. Ce travail m’a permis de me former à l’enseignement les soirs et week-ends. Après deux ans, j’ai quitté le travail au bureau et j’ai décidé d’aller en Inde quelques mois, curieuse d’aller étudier le yoga au berceau, là où la discipline avait pris forme. A mon retour je toque aux portes de centres de bien-être qui fleurissent dans la capitale pour leur proposer de mettre en place des cours dans leurs lieux. Je travaille en parallèle à l’accueil de l’un de ces centres en plus de faire de l’aide aux devoirs les soirs de semaine. Le hasard des rencontres me conduit à explorer d’autres enseignements de yoga. Je fais plusieurs allers et retours à Los Angeles pour me former et dans les salles d’embarquement se met à poindre l’envie d’écrire sur le yoga tel que je le vivais et pas comme il était communément montré ou proposé à l ‘époque. Le blog était né. Il a provoqué des rencontres avec notamment l’équipe du magazine Esprit Yoga avec laquelle j’ai collaboré pour l’écriture d’un billet d’humeur de 2015 à 2019 et avec des journalistes qui s’intéressaient à l’engouement pour la pratique du yoga. Luc Biecq était l’un d’entre aux. Il était venu découvrir un cours de yoga avec moi dans le cadre de l’écriture d’un dossier spécial et m’a contactée quelques années plus tard pour me parler de son projet d’écriture d’un livre : « Guide d’autodéfense du licencié ». On a parlé de destruction et de reconstruction , son livre est paru en 2019. Luc a eu envie de provoquer une conversation à trois entre lui, moi et Emmanuel Fort, coach en management. L’idée était de se défaire du mot « bienveillance » dont l’emploi abusif l’a finalement vidé de sa substance et d’étoffer la réflexion, par le prisme des grands principes philosophiques du yoga, sur une possible compatibilité entre la réalité de l’entreprise, à savoir le souci d’efficacité, et l’humanisme. Le livre « Manager comme un Yogi » est paru en 2021.

Marseille

Je vis aujourd’hui à Marseille. Mes changements d’adresse postale ont toujours coïncidé avec des revirements majeurs dans ma vie et le déménagement de Paris à Marseille n’a pas fait exception à la règle. Pour rejoindre les bords de la Méditerranée, j’ai fait table rase de tout ce que je faisais et possédais parce que j’aimais ma ville d’adoption et parce que j’aimais un Marseillais. Débarquée dans la cité phocéenne, j’ai travaillé comme serveuse pendant quelques mois et animé des stages de yoga entre Paris et Marseille. Disons que j’aime toujours la ville mais plus l’homme que j’étais venue rejoindre. La rupture amoureuse m’a laissée sur le carreau et en même temps m’a permis de prendre la mesure de l’affection et l’amitié que me porte mon entourage. Dans la tourmente, mon amie Maria Elena me fait découvrir une pratique de mouvement holistique qui synthétise intelligemment pilates, yoga et tai-chi. J’ai suivi une formation à Londres en 2018 et lancé une campagne de financement participatif afin de pouvoir ouvrir un petit lieu où donner des cours de yoga à ma sauce à Marseille. Même si j’ai eu levé plusieurs milliers d’euros pour embrayer le projet, les personnes avec lesquelles je m’associais n’ont pas suivi comme prévu. 2019, on m’embauche comme conseillère de vente dans une boutique de vêtements. Ce complément de revenus me permit de ne plus squatter le salon de ma meilleure amie, de trouver un minuscule chez moi à deux pas du Vieux-Port. Puis une rencontre amoureuse qui a passé haut la main l’épreuve des confinements et du diagnostic d’un cancer. En 2021 un nouveau travail à plein temps en entreprise m’a remis le pied à l’étrier. Hue! Un nouveau déménagement. Dans un « chez nous » cette fois.

L’union fait la force. La force de ne pas se disloquer. Au fur et à mesure que j’intégrais les mots gabian, dégun, cafoutch, minot et emboucanner à mon vocabulaire de tous les jours, je me suis éloignée de la salle de cours. Depuis six ans, alors que le yoga a très largement débordé du tapis pour moi, le blog demeure, avec un contenu plus personnel.

Et maintenant?

Ça ne t’aura pas échappé, la pandémie a marqué une rupture dans notre histoire collective et quoi de mieux qu’une rupture pour se réinventer? Crois-moi, je sais de quoi je parle.
Depuis 2022, une envie et une rencontre m’ont amenée à donner occasionnellement cours de yoga dans une salle de sport. Un petit groupe très sympa s’est formé. Ces quelques heures d’enseignement ne font pas de moi la prof de yoga des premiers jours de ce blog : celle qui pédalait de studio de yoga en appartements huppés des beaux quartiers parisiens six jours sur sept. A Marseille, je me suis véritablement ancrée dans le salariat, à plein temps, dans un bureau avec un ordinateur, des pauses café, des collègues et des réunions hebdomadaires. Ce choix que j’ai fait perturbe parfois les gens. Ce serait comme faire machine arrière. Je les rassure : tout au contraire, je vais de l’avant. Après avoir appris à danser avec les tempêtes, j’apprends maintenant à dessiner des horizons. J’ai appris qui je suis et je m’emploie à le devenir de plus en plus.

Dans mes histoires il m’arrive de parler des autres. Je ne fais donc pas que me regarder le nombril, ce qui fait tâche dans un champ de narcisses.