UNE SALLE A SOI
Virginia Woolf dit qu’une femme devrait avoir un lieu à soi pour pouvoir penser, je pense qu’elle devrait aussi avoir un lieu où pouvoir faire du bruit, bouger dans tous les sens, transpirer, respirer fort et pourquoi pas grogner?
Virginia Woolf écrivait qu’une femme devait disposer d’un peu d’argent et d’un lieu à elle pour pouvoir produire un roman. Son propos était de dénoncer les limites imposées aux femmes par la société du début du XXe siècle concernant l’accès à l’éducation, le déploiement de leurs pensées, la production littéraire et le succès. Etant réduite à la chose domestique, à savoir tenir une maison et élever les enfants, la vie des femmes bourgeoises de son époque ne laissait aucune place, aucun espace mental ou physique pour autre chose.
Au même titre qu’avoir un lieu à soi pour pouvoir penser, avoir accès à un lieu où pouvoir bouger librement me parait indispensable. Un lieu où pouvoir faire du bruit, transpirer, respirer fort et pourquoi pas grogner? J’ai trouvé mon spot, une salle d’entrainement conviviale et pas bondée à deux pas de mon appartement et depuis trois mois, je m’y remets d’équerre.
Ascenseur ou escalier?
Avant d’emménager à Marseille, je vivais à Paris, entre les stations de métro Place de Clichy et La Fourche, au 6e étage sans ascenseur et je me déplaçais principalement en vélo. Mon activité professionnelle d’alors impliquait au moins deux déplacements quotidiens depuis ma tanière, soit au moins deux montées de six étages et deux descentes des mêmes six étages chaque jour avec du pédalage entre deux step. Autant te dire que j’avais mon lot d’exercice et qu’une inscription à la salle de sport me paraissait bien inutile.
Je donnais alors beaucoup de cours privés. Mon sas de transition entre le trajet à bicyclette à surveiller d’un œil le caniveau et de l’autre les voitures qui serraient ma monture de trop près et le début du cours où la détente active d’individus sous haute tension reposait sur mes épaules se faisait dans l’ascenseur. La montée en ascenseur, ce moment suspendu pour me focaliser sur le cours que j’allais donner l’instant d’après.
Une fois on me fit une remarque : « Une grande sportive comme toi ne prend pas les escaliers? » Je ne me suis pas appesantie sur la réalité de mon quotidien dopé au cardio, j’ai accueilli la remarque avec humour en jouant la carte de la paresse : « Je suis une sportive d’ascenseur ». Mon interlocutrice poursuivit en m’expliquant qu’elle ne prenait plus l’ascenseur pour monter chez elle depuis plusieurs semaines pour affiner ses jambes et chasser sa cellulite.
Les femmes et le sport
Bon sang! Pourquoi une femme ramène-t-elle si souvent la pratique d’une activité physique à un souci d’apparence? J’aimerais que les conversations s’enrichissent sur le sujet. Je te livre des mots qui décrivent mes expériences d’entrainement :
- Décompenser
- Recalibrage
- Equilibre physiologique
- Affiner les sensations
- Enrichir le rapport à soi
- Plaisir de bouger
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