Little Miss Sunshine. J’ai vu et revu ce film plusieurs fois depuis sa sortie au cinéma en 2006. Je viens de le regarder une énième fois ; l’émotion est intacte. Même si je connais la chute du film, la scène finale ne manque jamais de me faire rire aux éclats et me gonfle à bloc d’énergie positive. Au point que je ne peux m’empêcher de te livrer les deux réflexions tirées de ce film qui mérite grandement d’être regardé même quinze ans après sa sortie en salle.

1. Nous sommes bien plus normaux qu’on essaye de se le faire croire et c’est très bien comme ça
Le film est présenté comme une critique de la culture de la gagne. Le père de famille veut faire de sa méthode de coaching pour « refuser l’échec en neuf étapes » un livre à succès qui fera parler de lui, le fils de quinze ans fait vœu de silence depuis neuf mois dans le but de s’autodiscipliner en vue d’un concours pour intégrer une école de formation de pilote d’avion et Olive, la fillette de sept ans, s’entraine dur avec son grand-père pour participer à un concours de beauté pour petites filles.
Le père laisse déteindre son approche de coaching sur sa vie familiale et assène, tantôt à son fils, tantôt à son beau-frère, tantôt à sa fille de grandes phrases sur le fait de choisir de perdre ou de gagner dans la vie.
Font tâche au tableau le grand-père libidineux (héroïnomane occasionnel qui plus est) et le beau-frère suicidaire. Dès le début de l’intrique, ils sont posés comme les losers de la famille.
La force de tous ces personnages c’est qu’ils sont loin d’être caricaturaux. L’histoire révèle leurs fragilités. Je crois que c’est pour ça qu’on s’identifie facilement à chacun d’eux. Comme en témoigne la scène du repas au début du film où la mère fatiguée de sa journée tente de rameuter la famille pour diner, ces gens sont tout ce qu’il y a de plus normal.
Or être normal ne semble pas être suffisant, les personnages se racontent ou subissent des histoires de dépassement de soi.
« Tu sais quoi? Y en a marre des concours de beauté. La vie est une succession de concours de beauté. Au lycée, puis à l’université, dans la vie active. Y en a marre de ça. »
Dwaine dans Little Miss Sunshine (2006)
2. Accepter (ou pas) l’hypersexualisation des filles
A la fin du film, les plans dans les vestiaires des participantes au concours de beauté et les prises de vue des visages des spectateurs sont tournés à la manière d’un documentaire. Les fillettes sont apprêtées comme des adultes, prennent des poses comme des adultes. Elles font tout pour séduire. Sauf Olive qui est complètement étrangère à ce jeu de séduction.
Je ne peux pas en dire plus au risque de divulgacher cette scène finale dont je t’ai dit en intro qu’elle me faisait rire aux larmes. J’ajouterais juste ceci : le film montre très habilement comment le corps d’une petite fille devient un enjeu de la gagne sociale et aussi, grâce à cette famille « normale », comment il peut ne pas l’être.
Allez, je conclus avec ce qui suit : ce film est un road movie qui laisse en deux occasions sa place à la mort. Elle est ratée pour l’un des personnage mais survient bel et bien pour un autre. Dans ce film, la mort est décomplexée et sert de prétexte à un rappel : la vie n’a pas à être réussie mais à être vécue, si possible, en s’éclatant comme Olive.
« – Tu sais ce que c’est un loser? Un vrai loser c’est quelqu’un qui a tellement peur de ne pas gagner qu’il ne veut même pas essayer. Toi tu essayes il me semble?
– Oui
– Donc t’es une gagnante »
Dialogue entre Olive et son grand-père dans Little Miss Sunshine (2006)
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