L’accomplissement d’une vie (ou presque).
J’ai réussi à faire germer un noyau d’avocat. Grande première (pour moi). Tu noteras dans la vidéo que j’ai tenté de multiplier les chances pour aller dans le sens de probabilités heureuses ; quatre récipients en guise de bidets pour noyaux. Jusqu’à hier tu aurais vu cinq noyaux le cul dans la flotte sur le rebord de la fenêtre, cependant, l’un d’entre eux, le doyen des baigneurs, n’a montré aucun signe d’éclosion (le noyau d’avocat me fait penser à un œuf) alors qu’il patauge depuis des semaines, il a donc fini à la poubelle.
En maquillant les chiffres, me voici donc avec un taux de réussite de 25%. J’entends par réussite voir un bulbe germer. Je te l’accorde, j’ai revu mes ambitions dans la vie.
Le faux départ.
Je t’en parlais dans un post sur Instagram, j’ai eu un premier rendez-vous bilan avec l’oncologue la semaine dernière.
Attends, je rembobine au cas où tu ne me suives pas sur les réseaux sociaux. A l’heure où je t’écris, je fais une récidive ganglionnaire du cancer du sein. Pour combattre l’intrus têtu, me voilà cette fois sous chimiothérapie par comprimés. C’est dans le cadre de ce nouveau traitement que j’ai eu mon premier check-up.
Après trois semaines de traitement, je pensais avoir entamé le marathon. Que nenni, on m’a dit que ce n’était qu’un tour de chauffe, que le premier mois on ne faisait que tester la « toxicité » du médicament. On ne jugera de l’efficacité du traitement en cours que dans la durée. Durée sur laquelle on ne se prononce d’ailleurs pas, ce qui ne m’aide pas à prendre la mesure de l’endurance qui va être nécessaire. C’est pourtant primordial le mental pour un coureur de fond, mais bon.
« Don’t you know that you’re toxic? » dirait Britney.
Je me suis habituée maintenant mais ça m’a quand même fait drôle la première fois que les médecins m’avaient parlé de « toxicité » du traitement. C’était l’année dernière au commencement du traitement par Tamoxifène, les comprimés qui auraient dû éviter la récidive mais qui selon toute vraisemblance ont failli. Bon, bah, on s’en serait douté, les comprimés de chimiothérapie ont aussi leur potentiel de toxicité.
Niveau toxicité donc, je n’ai pas pour le moment subi d’effets secondaires dérangeants. Une mini diarrhée partie aussi vite qu’elle est venue et deux jours à me sentir nauséeuse. Suis-je pour autant définitivement épargnée ? Bah non, ou plutôt, le médecin me dit qu’on ne sait pas, que l’avenir nous le dira.
En attendant un noyau germe dans mon coin cuisine. Petite victoire.
Il ajoute aussi que si ce traitement par comprimés ne se montre pas efficace (dans des délais non établis je précise), la chimio classique avec cathéter et transfusion sera la prochaine étape. Ca sent la préparation mentale à donf!
Je ne suis plus à un paradoxe près.
Confidence : je me sens comme le chat de Schrödinger. Guérie et malade, vivante et morte, en forme et mal fichue, pleine d’énergie et fatiguée. Comme le chat de Schrödinger qui s’assiérait de temps à autre à la fenêtre, curieux des mouvements du dehors, je m’arrête à la fenêtre pour observer les noyaux qui craquèlent (ou pas).
Je me demande d’où nous vient cette fascination et cet intérêt pour les plantes qui croissent et se développent. Si tu connais de sérieuses explications sur le sujet, j’ai hâte de lire les références que tu me livreras en commentaires.
Je te souhaite une bonne semaine de déconfinement partie 1.
(NDLR : j’ai écrit ce post le lundi 17 mai 2021)
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