ET SI LE DEVELOPPEMENT DU SENS PROPRIOCEPTIF ETAIT LE BUT ULTIME DU TRAVAIL POSTURAL DE YOGA?

Et si le développement du sens proprioceptif était le but ultime du travail postural de yoga? C’est la question qui m’a traversée en visionnant deux fois de suite le passionnant documentaire NOTRE VERITABLE 6e SENS.

Le « sens proprioceptif » se définit de manière aride dans le Larousse comme « la sensibilité du système nerveux aux informations sur les postures et les mouvements, venant des muscles et des articulations ». Que je vous rassure, le documentaire est bien plus captivant que ce que la définition du dico laisserait présager.

A ceux que mon propos titille déjà, je signale que le documentaire est disponible gratuitement en replay jusqu’au 25 mai 2021 sur le site de ArteTV.

Ce qui m’a plu dans le documentaire

Indiscutablement, la pluralité d’angles pour parler de proprioception.

  • D’abord par le témoignage de Ginette, une personne qui est privée du sens de proprioception. On le sait bien, c’est souvent a posteriori, lorsque quelque chose nous est retiré, qu’on prend conscience de son existence. Le cas de cette dame est rarissime ; dans le monde, cinq personnes seraient concernées comme elle par la perte du sens proprioceptif. Son témoignage est à la fois précieux et émouvant.
  • Ensuite par l’approche artistique, notamment celle du chorégraphe Yoann Bourgeois dont les pièces mettent en scène le déséquilibre.
  • Enfin par la recherche scientifique. J’étais fière d’apprendre qu’à Marseille existaient deux pôles de recherche innovants sur le mouvement : l’Institut des Sciences du Mouvement et un laboratoire de neurosciences rattaché à l’université Aix-Marseille. Ca change du combo pastaga-calanques pas vrai? Les enjeux scientifiques seraient de comprendre et de qualifier les capacités de la proprioception dont on est tous dotés mais qu’on connait finalement très mal.

Ce que j’en ai retenu

la gravité définit nos contours

Si nos muscles nous permettent de réaliser une action, dans le même temps, ils nous renseignent sur la position du membre qui exécute cette action. Les capteurs proprioceptifs font un travail de renseignement constant, créant une boucle sensorimotrice entre notre cerveau et la représentation de notre corps dans l’espace. Cette boucle sensorimotrice est indispensable au maintien de notre posture.

Depuis l’enfance nous luttons contre la gravité qui attire notre corps vers le centre de la terre. Nous la défions par notre posture érigée verticale. Pour notre cerveau, elle agit comme un axe autour duquel s’articulent proprioception, vision et oreille interne.

Exister signifie « sortir de ». La proprioception nous permet d’exister parce qu’elle crée cette frontière entre ce que nous sommes et l’espace autour de nous.

La proprioception aussi présente dans le monde végétal

Les plantes démontrent leur propension à se redresser de manière rectiligne. On a longtemps pensé que c’était la lumière qui les faisait se redresser mais des expériences ont démontré que non. La gravité est clé, les plantes ressentent la gravité.

L’enjeu d’une plante qui pousse c’est d’y aller sans se casser la figure, ce qui nécessite la mobilisation de beaucoup de proprioception. Où en est-elle de sa forme propre? Est-ce qu’elle n’est pas en train de prendre une forme qui risque de la faire tomber? C’est un enjeu de ne pas tomber.

C’est aussi un enjeu pour nous, mais ce qui diffère d’avec les plantes c’est que la proprioception répond à d’autres enjeux chez l’Homme ou les animaux terrestres comme celui de sauter sur une proie ou de pouvoir partir en courant, ce qui évidemment n’est pas le problème des plantes.

Le sens de l’action dans le monde

La proprioception est bien plus qu’un sens qui nous permet de tenir debout. Elle est constitutive de notre existence, de notre interaction avec le monde. La proprioception est le sens de l’action. Elle nous accompagne dans nos gestes qu’ils soient conscients ou inconscients. A l’heure où nos corps sont de moins en moins sollicités, souvent rendus passifs par des activités sédentaires, profiter de notre proprioception, savoir l’écouter nous apporteraient beaucoup dans la conscience non seulement de nous-mêmes, mais aussi de notre manière d’interagir avec les autres et plus largement avec le monde.

« [J’associe] Essayer de se situer physiquement dans l’espace avec nos tentatives désespérées de donner du sens à nos actions. J’ai l’impression que le sens nait de l’interaction entre notre corps et ce qui nous entoure. »

Yoann Bourgeois – Chorégraphe

Une réponse à « ET SI LE DEVELOPPEMENT DU SENS PROPRIOCEPTIF ETAIT LE BUT ULTIME DU TRAVAIL POSTURAL DE YOGA? »

  1. Avatar de Claire CHAFFARD
    Claire CHAFFARD

    Sur le chemin à tes côtés demain et les jours à venir Reste toi même et garde le fil … 🧘‍♀️ Claire C.

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