CA SE SOIGNE BIEN (épilogue)

Epilogue : Alors, guérie?

▶︎ (Re)lire l’introduction de mon récit : la maladie met mal à l’aise

(Re)lire la partie 1 : apprendre qu’on est malade

▶︎ (Re)lire la partie 2 : l’emballement

(Re)lire la partie 3 : effets collatéraux

▶︎ (Re)lire la partie 4 : moments marquants


Ca dépend de ce que tu entends par « guérir »

Ne plus avoir mal?

Je n’ai jamais ressenti de douleurs ou d’inconfort dans mon corps avant qu’on me diagnostique le cancer, je ne peux donc pas parler d’un retour à un mieux-être. Je peux même t’affirmer que j’éprouve davantage de sensations pénibles depuis l’opération.

Un an et demi après la chirurgie et un an et trois mois depuis la fin de la radiothérapie, ces sensations désagréables sont atténuées mais bel et bien présentes : dans le dos ou autour de la cicatrice.

Je ne suis rendu compte que cet état de tension physique avait altéré ma respiration, la partie arrière du sein gauche opéré se remplissait à peine d’air. Respirer pleinement me faisait mal localement. Je n’ai réalisé cela qu’en mars de l’année dernière.

Une masseuse m’a soutenu que les fascias n’étaient pas en cause, elle y voit plus des séquelles d’une mise à mal posturale lors de la chirurgie ; mon ostéo m’a dit que les fascias étaient le nœud du problème ; le radiothérapeute me dit que ça n’a rien à voir avec la chirurgie ou la radiothérapie et le chirurgien me parle d’inflammation nerveuse due aux coups de bistouri.

A chacun sa vérité dit-on.

Je me fie donc à ma boussole intérieure, je me suis compilé un répertoire de mouvements et d’exercices respiratoires et j’observe ce qui se passe. Mon organisme en a profité pour émettre deux souhaits : être dans l’eau et se suspendre par les bras. Et tu sais quoi? Je les ai réalisés…

Se jeter à l’eau?

J’avais besoin de mettre des kilomètres entre le traitement et moi. Il y a un an tout juste que je me suis octroyé un break à Montréal chez mon frère.

Le changement de décor m’a fait du bien et l’accès illimité à la piscine du centre communautaire où travaillait mon frère à l’époque fut du pain béni. J’y allais très régulièrement enchainer des longueurs et faire des mouvements dans l’eau avec des accessoires. Le sens de l’organisation anglo-saxon a du bon. Le charme des piscines là-bas repose notamment sur le fait que chaque ligne d’eau est réservée à une vitesse de nage. Lente, modérée ou rapide. Avec une ligne d’eau également réservée pour patauger et faire des exercices. Bref, de quoi ondoyer entre les lignes au gré de ses envies. Luxe que je n’ai pas à Marseille je dois dire.

Pouvoir se suspendre à une barre de traction?

Ce sont les agrès de l’aire de jeu d’un parc voisin de mon appartement qui m’ont fait de l’œil un jour. Me suspendre par un bras à la barre en hauteur et sentir mon côté gauche s’ouvrir sous l’effet de la gravité m’a fait l’effet d’un bâillement du corps. Trop bon! Depuis mon épiphanie au parc, j’ai placé la barre haut chez moi aussi, je me suspends dès que j’en ai l’occasion.

La fin du traitement?

De quel traitement parle-t-on?

Dans mon cas, a emboité le pas à la radiothérapie un traitement dit « anti-hormonal ». Je le suis maintenant depuis janvier 2020. Rien de compliqué, j’avale un cachet chaque jour. Le but de ce traitement est de me faire pencher du bon côté des statistiques, autrement dit d’éviter une récidive. La prise quotidienne de cachet se fait sur cinq à dix ans. Ce serait plutôt dix pour moi m’a-t-on fait comprendre. Parce que j’ai choisi de na pas subir de chimiothérapie.

Une fois la cicatrisation effective et les effets de la radiothérapie estompés, je suis prise en main par une kiné pour le massage de la cicatrice de juin à octobre 2020. L’idée étant d’assouplir la zone autour de l’incision qui se rigidifie comme du carton en cicatrisant et de dégager le passage dans les circuits lymphatiques défigurés par la chirurgie. Parmi les curiosités post-opératoires dont personne ne parle, la nette diminution de la sudation dans mon aisselle gauche en est une qui n’a trouvé aucune explication, ni auprès du chirurgien, ni auprès de mon médecin traitant.

Décrocher l’épée de Damoclès?

Des consultations de contrôle sont programmées tous les trois mois pour commencer et ensuite tous les six mois. A l’appui d’une analyse sanguine, d’une mammographie, d’une échographie pelvienne et d’un examen de ma poitrine le chirurgien ou le radiothérapeute font l’état des lieux. Ah oui, j’avais oublié de te parler des effets secondaires possibles de ce médoc redoutable, le tamoxifène. La liste n’est pas aguicheuse pour un sou. L’une des stars au casting est le cancer de l’utérus. L’échographie pelvienne permet de garder un œil sur l’endomètre de mon utérus et ainsi guetter un éventuel épaississement suspect de la dentelle utérine.

Chaque mois de décembre et de juin, j’ai dorénavant droit à mes pics d’adrénaline quand la radiologue fixe son écran et me donne son verdict sur mes seins ou sur mon utérus. Le sein écrasé entre deux plaques de plexiglas ou une sonde dans mon vagin, je me repasse le film de l’effet d’annonce du cancer en août 2019 et je me répète de respirer calmement.

Je ne sais pas quoi te répondre.

J’ai choisi de garder mon médecin traitant dans la boucle, d’autant plus qu’elle est aussi ma gynécologue. Elle et moi nous voyons tous les trois ou quatre mois ; je lui communique mes résultats d’analyse et d’examens qu’ils soient en relation avec le cancer ou pas. L’idée d’une personne qui garde une vue d’ensemble sur moi me parait indispensable. Un ami qui a perdu sa femme d’un cancer m’a dit avoir regretté que l’équivalent d’un chef de projet n’ait pas été désigné dans le cadre du traitement de la maladie de sa compagne. Il pense que ça aurait pu faire une différence. Je suis entièrement d’accord.

Mars 2021. L’ironie du sort.

J’ai apporté mes dernières analyses à mon docteur et l’ai informée des prochains rendez-vous bilans de cancer. Elle m’a communiqué les résultats de mon dernier frottis. Rien à signaler. Quelques jours plus tard, une soirée lecture d’offre à moi. Indolente, je m’accoude à un tas de coussins, ma liseuse en mains. L’immersion dans mon polar a commencé, je me masse le cou. Je m’arrête net. Une boule. Je poursuis la palpation, deux autres au-dessus de la clavicule gauche.

L’histoire se répète-t-elle?

Je me connecte à Doctolib, mon médecin traitant n’est pas disponible avant quinze jours, rapide coup d’œil au planning de rendez-vous de sa consœur qui partage ses dossiers et que j’ai déjà consultée en l’absence de mon médecin habituel, elle est disponible à une semaine.

J’ai pu la voir aujourd’hui.

Je lui ai dit que je ne savais pas quoi penser de ces boules. Après palpation, elle me répond qu’elle non plus. Elle me prescrit une échographie de la thyroïde et des ganglions lymphatiques. Elle me dit qu’elle contactera le radiothérapeute. Elle vérifie mes coordonnées téléphoniques, elle me tiendra au courant. A peine sortie du cabinet, je prends rendez-vous au centre de radiologie qu’elle m’a conseillée. Il me faut maintenant attendre le 24 mars pour me faire passer le cou à la gélatine et au rouleau.

Avant de finir de t’écrire ce post, j’ai fait une recherche Google sur « cancer de la thyroïde ». J’ai lu deux sources d’information avant de me dire à moi-même d’arrêter avec ce genre de lecture et de finir d’écrire ce que j’avais commencé.

Je vais m’en tenir à ça : finir tout ce que j’ai commencé. C’est une peu ce que font les fleurs après avoir bourgeonné non?

4 réponses à « CA SE SOIGNE BIEN (épilogue) »

  1. Bonjour Laurence,

    Belle Tulipe 🌷
    Ton billet m’ a laissé sougeuse car il me rappelle de vieux souvenirs de conversations de type « les murs parlent aux murs » avec mes divers toubibs de l’époque. c est aussi cette situation murale qui m’ a poussée à commencer le yoga pour recuperer un peu d’harmonie dans mon corps qui avait été bien chahuté alors que j avais quasiment aucune idée sur le yoga. comme quoi la fameuse boussole interieure nous apporte pas mal
    Biz

    Eve

  2. Avatar de Nadia Messerdache
    Nadia Messerdache

    Après une chirurgie répétitive pour endometriose il y a 25 ans où mon corps et mon esprits ont été maltraités par le corps médicale laissant des séquelles au long cours le yoga m’a sauvé la vie. j’ai retrouvé mon chemin pris en main ma boussole interieure et depuis 1 ans les douleurs dues à tout ceci ce sont évaporées.

  3. Avatar de Nadia Messerdache
    Nadia Messerdache

    Après une chirurgie répétitive pour endometriose il y a 25 ans où mon corps et mon esprit ont été maltraités par le corps médicale laissant des séquelles au long cours le yoga m’a sauvée la vie. j’ai retrouvé mon chemin pris en main ma boussole interieure et depuis 1 ans les douleurs dues à tout ceci ce sont évaporées.

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