Notre corps, ce réseau social est le titre d’un documentaire de France Télévision disponible en replay jusqu’au 19 décembre 2020.
Il fait état de découvertes scientifiques récentes qui montrent que nos organes sont multifonction et (non pas monotâches comme on l’ a longtemps présumé) et aussi qu’ils communiquent entre eux de manière à agir continuellement sur l’équilibre du corps. Même si le but premier de ce documentaire est sans nul doute la vulgarisation scientifique, il aura eu sur moi un super effet feel good.
En bref, les deux enseignements qui m’ont fascinée
- aucune partie de notre corps n’est isolée du reste et des organes qu’on considère comme passifs ou secondaires ne le sont pas en vérité. Ils sont même des donneurs d’ordre ou des lanceurs d’alerte.
- certains de nos organes réagissent à notre environnement extérieur pour réguler notre espace intérieur. On le savait de notre peau pour réguler la température corporelle, mais le documentaire nous apprend qu’il en va de même pour le squelette qui dope (ou pas) la mémoire!
En vrac, des faits tirés du documentaire qui raviront les individus en quête d’entièreté qui me lisent.
Que les reins fabriquent de l’urine est presque anecdotique
Le réseau sanguin est le réseau de communication le plus étendu, le plus ramifié et le mieux distribué du corps humain. Au sein de ce réseau on identifie des pôles, des plaques tournantes. On observe par exemple que nos reins sont enveloppés d’un dense entrelacs de vaisseaux sanguins.
Le rein a longtemps été compris et réduit à un organe d’élimination. Or il se trouve qu’il est aussi responsable de la régulation de l’équilibre biologique du sang : il provoque la production de globules rouges par la moelle osseuse et optimise le dosage de sels minéraux dans le sang. Ces derniers étant essentiels puisqu’ils constituent le carburant des organes.

Squelette, stress mécanique et mémoire sont liés
Notre squelette a longtemps été compris comme une « charpente inerte » alors qu’à l’intérieur de nos os, l’activité est intense. Nous fabriquons de l’os chaque jour si bien que tous les 5 ans notre squelette est régénéré. L’os est un tissu très dynamique. Les cellules osseuses sont de grandes communicantes.
- Les ostéoclastes sont les démolisseuses. Elles dissolvent le calcium à la surface de l’os et le libèrent quand notre corps le réclame.
- Les ostéoblastes sont les bâtisseuses. Elle sécrètent une substance visqueuse qui se solidifie et répare nos os lorsqu’ils en ont besoin.
Il est important que l’activité des démolisseuses et des bâtisseuses s’équilibre. Ce sont les ostéocytes qui se nichent au cœur de notre fibre osseuse qui pourrait avoir ce rôle de régulation. Ces dernières sécrètent de la sclérotine, une protéine « messagère ». Quand notre squelette ne subit aucune force mécanique (dans le cas d’activités dites « auto-portées » comme la natation, le vélo ou le Netflix-sur-canapé), les ostéocytes libèrent la sclérotine qui met au repos les cellules bâtisseuses. En cas de stress mécanique, c’est l’inverse qui se produit. Le réseau d’ostéocytes perçoit les ondes de choc et stoppe la production de sclérotine. Notre squelette relance alors la production d’os.
Les cellules osseuses envoient des signaux pour doper la mémoire. Au cours de l’évolution, les os sont apparus pour donner aux créatures marines la possibilité de marcher ou courir sur la terre. A l’origine, l’os a une fonction de survie qui permet aux vertébrés d’échapper aux prédateurs et de trouver de la nourriture. Comme les os, la mémoire répond à un impératif de survie. Elle n’avait pas pour but d’étudier, mais de se rappeler où se trouvaient un prédateur une heure plus tôt ou à quel endroit était la nourriture la veille. Os et mémoires sont liés dans l’évolution. Les découvertes récentes ont montré que les ostéoblastes (les bâtisseuses) produisent une substance, l’ostéocalcine, en l’absence de laquelle la partie du cerveau qui permet la mémoire (l’hippocampe) est atrophiée.
La finesse d’écoute de nos neurones
Quand des « bébés » neurones sont produits, un processus relationnel s’instaure afin d’éviter que les nouveaux arrivants perturbent le fonctionnement du réseau existant. Les « bébés » neurones écoutent le réseau existant avant d’entrer en communication avec lui pour finalement s’intégrer. Ces nouveaux neurones enrichissent nos capacités parce qu’ils sont dotés d’une plus grande flexibilité et les nouveaux réseaux qu’ils permettent de créer peuvent séparer plus efficacement des informations qui sont proches, les organiser et éviter la confusion dans nos souvenirs. Les nouveaux neurones sont aussi très impliqués dans la mémoire affective, la mémoire émotionnelle.
La naissance de nouveaux neurones est stimulée par des conditions liées à notre mode de vie :
- l’activité intellectuelle
- l’exercice physique
- une alimentation variée
- les interactions sociales

La graisse est un facteur de réussite dans l’évolution de l’espèce humaine
La graisse joue le rôle d’un organe. Au cœur des cellules graisseuses se trouve captive la leptine, une hormone qui joue le rôle de messager. Lorsque les tissus adipeux ont reçu suffisamment de lipides et glucides à stocker, ils libèrent la leptine qui rejoint le système sanguin et atteint l’hypothalamus. Une fois ce message reçu, les neurones prennent le relai et envoient à leur tour le message de stopper la sensation de faim.
Les tissus adipeux sont partout dans le corps : sous notre peau, dans la moelle osseuse, autour des intestins. Chez l’homme elle représente 15 à 30% de sa masse corporelle contre seulement 5% chez les chimpanzés. La graisse est un facteur de réussite dans l’évolution de l’espèce humaine en ce sens qu’elle nourrit un gros cerveau et un corps athlétique qui nous ont permis de devenir des chasseurs-cueilleurs performants.
Au-delà du stockage d’énergie, il faut savoir que les tissus adipeux contiennent des cellules immunitaires et des cellules souches qui peuvent nous « réparer ». Comme les tissus musculaire et osseux, le tissu adipeux est un tissu de soutien. Tous les trois une origine embryonnaire commune et les cellules souches qu’ils contiennent peuvent contribuer à régénérer des tissus endommagés. Par exemple les cellules souches extraites de la graisse peuvent être injectées dans du cartilage abimé.

Le mouvement est un impératif biologique de notre espèce
Lorsque les fibres musculaires se contractent, elles émettent une molécule messagère, IL6. IL6 a le pouvoir de stimuler ou modérer les défenses immunitaires si elles s’emballent. Cette molécule joue un rôle pour contrôler l’inflammation et le métabolisme. A l’échelle de notre évolution, cela fait peu de temps que nous bougeons aussi peu. Or notre corps est programmé pour bouger et quand nous arrêtons de le solliciter, les conséquences sont importantes pour notre santé.

Les cellules cancéreuses adeptes de la fake news
Notre corps est une toile biologique sur laquelle circule une multitude de messages. Pour effectuer leurs missions les organes émettent et reçoivent de nombreuse molécules. En les identifiant et en mesurant leur concentration dans le sang, on peut détecter si nos organes se comportent normalement.
A ce jour plusieurs centaines de molécules messagères ont pu être identifiées. Les cellules cancéreuses ont ceci de spécial qu’elles manipulent le corps grâce à des messages trompeurs, ce qui leur permet de proliférer et d’envahir nos organes. Les cellules cancéreuses libèrent des capsules dans le sang. Ces capsules agissent en éclaireurs, elles contiennent des leurres qui facilitent la colonisation de nos organes et trompent le système immunitaire. Chaque cancer a une signature particulière, en visualisant la morphologie des capsules on peut identifier l’organe atteint.
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